Tendances fin août : convergence et incertitudes
La canicule qui s’installe sur l’Europe sur ce mois d’Août illustre parfaitement la combinaison entre dynamique atmosphérique à grande échelle, influence tropicale et particularités de la modélisation numérique. Entre le 11 et le 24 août, la France est soumise à un enchaînement de phases qui conditionnent à la fois l’intensité et la durée de cette canicule avec un possible rebond en fin de mois.
Chronologie de l'évènement
Du 10 au 14 Août ,c'est l'advection chaude qui pilote ce premier coup de chalumeau. La France à l'avant du Thalweg atlantique subit l'advection d'air chaud subtropical en provenance du Maghreb et de la péninsule ibérique. La présence de l'Ex tempete tropicale Dexter au nord-ouest des Açores accentue le gradient de pression en altitude et renforce le flux de sud-ouest. Cela propulse une masse d’air à +8 à +10 °C d’anomalie à 850 hPa vers le pays.
Les températures à 40 °C s’enchaînent depuis le 11 août surtout dans la partie sud ouest de la France..
A compter du 15 -17 Aout le blocage sous l’influence de la dynamique d'altitude ne laisse pas beaucoup d'incertitude sur la suite de l'évènement
le talweg se comble et la dorsale subtropicale qui évolue entre ces deux anomalies est piégée - Schéma en Oméga, centré entre l’Europe occidentale et centrale. Cette configuration verrouille la circulation et elle limite les intrusions océaniques et stabilise la masse d’air chaud sur son espace géographique. Peu de chances que les températures très élevées observées régressent dans ce contexte.
La structure du vent en altitude est encore une fois caractéristique du double Jet, une zone de vents faibles qui s'étire vers 45–55°N
et le jet subtropical qui se positionne au sud de 40–45°N, affiche une belle intensité.
Des conditions favorables à l’ancrage d’un blocage anticyclonique sur l’Europe de l’Ouest
18–20 août : ondulation et petite décroissance thermique
Une anomalie de bas géopotentiels migre de la région de La Corogne vers les îles Britanniques. Sur l’ECMWF, cette évolution se traduit par un léger repli des anomalies chaudes à 850 hPa, alors que le GFS conserve un signal thermique plus dynamique. L’incertitude devient alors croissante sur la persistance de la canicule.
22–24 août : Retour de l'ex cyclone Erin dans la circulation générale
L’ex-cyclone Erin, attendu sur l’Atlantique ouest, pourrait s’intégrer au flux d’ouest. Deux scénarios tout aussi probable vont alors s'opposer
- Un renforcement de la dorsale prolongeant la chaleur.
- Ou alors une intrusion de bas géopotentiels à l'ouest un peu plus sud qui précipite la fin du blocage.
Les éléments techniques
La période est marquée par une circulation ondulante sur l’Atlantique Nord et l’Europe, avec une dorsale chaude s’étendant vers nos latitudes. L’élément déterminant est l’oscillation du jet-stream et la possibilité de mise en place de régimes de double jet, identifiés dans la littérature scientifique comme favorisant la persistance des blocages anticycloniques et des vagues de chaleur en Europe de l’Ouest.
Ces doubles jets créent une zone de vents faibles en altitude (entre 45° et 65°N) où les systèmes se bloquent plus facilement, ce qui permet à des masses d’air chaudes de s’installer durablement.
Sur ce départ d'épisode caniculaire, le GFS a clairement mieux anticipé l’ampleur initial de la canicule, avec une dorsale plus franche et une advection chaude plus marquée. L’ECMWF, plus conservateur, a sous-estimé les températures maximales, en lien avec une modélisation plus atténuée du renforcement anticyclonique.
Pour la fin août, les deux modèles convergent sur un maintien d’anomalies chaudes, mais GFS projette un nouveau pic thermique, tandis que l’ECMWF envisage un repli plus rapide, notamment en lien avec une possible intrusion de bas géopotentiels par le nord-ouest.
l’ex-cyclone Erin qui est en phase d'évolution sur la zone tropicale va progressivement venir se positionner sur l’Atlantique Ouest vers le 22 août. Il va etre absorbé dans la circulation d'ouest. Il pourrait donc moduler la circulation atlantique.
Si l’incertitude autour de cette récupération reste forte, une interaction avec le flux d’altitude pourrait soit renforcer la dorsale et par conséquent prolonger la chaleur, soit, au contraire, favoriser un décrochage d'une masse d'air plus frais.
Si la dorsale venait à se reconsolider après le 20 août, un second pic de chaleur est probable entre le 23 et le 28 août, particulièrement sur la France et l’Espagne, avec des températures pouvant à nouveau dépasser 38–40°C.