Bombe cyclonique majeure sur l Atlantique Nord

Le système dépressionnaire actuellement en développement au large de la côte Est des États-Unis constitue une situation particulièrement intéressante de cyclogenèse explosive. 

Elle réponds largement aux critères d’une bombe météorologique majeure.

La particularité de cet épisode réside dans un couplage exceptionnellement efficace entre le jet polaire et le jet subtropical, une configuration rare qui agit comme un véritable moteur dynamique pour assurer un creusement hors norme.

Les modélisations ECMWF illustrent parfaitement la violence du processus avec 979 hPa lundi 15 décembre à 12 UTC et 937 hPa mardi 16 décembre à 12 UTC

Une chute de  pression de 42 hPa en 24 heures.

Données Meteologix (https://meteologix.com) — Illustration Weather’n’Co (https://www.weathernco.com)  

À ces latitudes, même en plein hiver, une telle intensité reste extrêmement peu fréquente. Le seuil théorique de la bombe cyclonique ( 24 hPa / 24 h à 60°N) est ici largement dépassé.

Ce système se classe dans la catégorie des dépressions hors normes.

Le rôle clé du courant-jet : une divergence d’altitude maximale

L’analyse du champ de vent à 250 hPa met en évidence un jet streak très dynamique avec des vitesses atteignant 330 à 340 km/h au centre de l'atlantique des valeurs qui restent remarquables même pour l’Atlantique Nord

Mais Le minimum de pression en surface se développe dans une zone dynamiquement optimale.

La chute de pression s’effectue sur la partie gauche du Jet mais surtout au point d’inflexion ou le point de rencontre entre les deux branches du Jet.

Sur l’illustration nous isolons la branche polaire qui plonge franchement vers le sud et la branche subtropicale qui remonte depuis le sud,

Cette géométrie est cruciale, elle génère une divergence maximale en haute troposphère, et favorise une évacuation extrêmement rapide de la masse d’air en altitude. 

En réponse, la colonne atmosphérique s’allège brutalement, déclenchant une ascendance profonde et continue, moteur direct du creusement explosif de la dépression de surface.

Données Polar Wx (https://polarwx.com/) — Illustration Weather’n’Co (https://www.weathernco.com)  

Avec un minimum modélisé autour de 933 hPa, cette dépression se classe parmi les dépressions atlantiques les plus intenses creuses observées sur l'atlantique nord  ces dernières décennies.

Une zone barocline explosive

Le système évolue sur une zone barocline très marquée, où s’opposent :un air polaire continental extrêmement froid, advecté depuis l’est du Canada et la baie d’Hudson et un air subtropical doux et humide, remontant depuis l’Atlantique Ouest.

Cette configuration renforce fortement le gradient thermique horizontal, un élément clé dans la dynamique des cyclones intenses.

L’advection chaude en altitude, portée par la branche subtropicale du jet, joue un double rôle :

  • elle renforce le contraste thermique,
  • et elle accélère la conversion de l’énergie potentielle barocline en énergie cinétique.

Ce mécanisme agit comme un accélérateur de la chute de pression , ce qui explique aussi la rapidité et la valeur du minimum dépressionnaire.

Ce type de configuration est d'autant plus intéressante qu'elle rappelle que la superposition des jets n’est pas seulement un concept théorique, mais un levier dynamique puissant, capable de produire des événements extrêmes d’une ampleur exceptionnelle.

Données Meteologix (https://meteologix.com) — Illustration Weather’n’Co (https://www.weathernco.com)  

Rédigé par Yann Amice le 15/12/2025 à 08:30, dernière modification le 15/12/2025 à 10:56