Tempête Amy et ex-ouragan Humberto : une cyclogenèse explosive portée par un jet streak record

La tempête Amy, officiellement nommée par le Met Office, résulte de la transition extratropicale de l’ex-ouragan Humberto. Son évolution attire l’attention en raison de la rapidité et de l’intensité du creusement, dignes des grands épisodes hivernaux.

Un creusement hors norme

Les dernières analyses issues d’ECMWF et du Met Office confirment une chute de pression de près de 40 hPa en 24 heures, avec un minimum attendu entre 942 et 949 hPa au nord du Royaume-Uni. Un tel creusement dépasse largement le seuil d’une « bombe météorologique » (−24 hPa/24h à 60°N, Sanders & Gyakum, 1980).

Cette dynamique place Amy parmi les dépressions les plus intenses observées à un début octobre au cours des 40 dernières années.

Données Meteologix (https://meteologix.com) — Illustration Weather’n’Co (https://www.weathernco.com)  

Le rôle du contraste barocline

Au cœur du mécanisme se trouve un contraste barocline exceptionnel. À l’ouest, l’ex-Humberto a injecté de l’air chaud et humide tropical, tandis qu’un puissant anticyclone ancré sur l’Europe centrale maintenait de l’air sec et stable. Cette opposition frontale a maximisé les gradients thermiques et de pression, créant les conditions idéales pour une cyclogenèse explosive.

Un jet streak record

Ce dipôle a alimenté un courant-jet atteignant plus de 360 km/h à 300 hPa, une valeur rarissime sur l’Atlantique Nord en automne.

La modélisation montre un jet streak en sortie gauche surplombant la zone dépressionnaire (988 hPa en surface à l’échéance du 3 octobre, 02h TU). Cette configuration est propice aux ascensions rapides et accélère le creusement., la dépression va glisser sous l’axe du Jet et capter un maximum d’énergie cinétique, véritable carburant de son intensification explosive. 

Risque de sting jet

Les images simulées en vapeur d’eau (WV 300 hPa) révèlent une intrusion sèche enroulée dans le cœur du système, typique du sting jet. Ce phénomène correspond à une descente brutale d’air sec des niveaux moyens (3–4 km) vers la surface, canalisée par les forts gradients de pression.

Données Meteologix (https://meteologix.com) — Illustration Weather’n’Co (https://www.weathernco.com)  

Les rafales pourraient localement dépasser 180 km/h dans la zone la plus active (« sting jet nose ») sur les îles Britanniques.  

Données Meteologix (https://meteologix.com) — Illustration Weather’n’Co (https://www.weathernco.com)  

Zoom

Cet épisode illustre la variabilité extrême des circulations d’automne sous l’influence conjointe des restes tropicaux et des blocs anticycloniques européens. Il témoigne aussi de l’importance des forçages dynamiques (jet streak, contraste barocline) dans la genèse des tempêtes explosives.

Rédigé par Yann Amice le 02/10/2025 à 21:59, dernière modification le 02/10/2025 à 21:59